Se faire voler 10000€ de matériel photo
Une très grosse péripétie m’est arrivée cet été. Je me suis fait voler mon précieux sac avec environ 10000€ de matériel à Marseille. Accrochez-vous, c’est une longue histoire.
La story en bref est disponible sur mon compte Instagram.
Je rendais visite à Lucas et Charlotte, deux amis photographes. Le soir, nous sommes allés nous poser dans les calanques avec les deux enfants de Charlotte. Tout allait bien, il faisait beau, on avait du rosé, la vie était belle. Soudain je me suis absenté une minute pour aller récupérer des pizzas commandées en UberEats.
A mon retour, deux minutes plus tard, je croise Lucas qui court vers moi, alarmé, et me dit “T’as pas ton sac avec toi? Il est pas avec nous!”
A ce moment, le silence complet se fait dans ma tête. Tous mes sens sont à l’affut, mon corps est passé en mode survie.
Nous cherchons autour de nous, nous demandons, personne n’a rien vu. Même les deux amis assis quelques metres derrière nous. “A ce niveau, c’est de l’art” nous ont-ils déclarés stupéfaits.
Quinze minutes passent, à la fois très vite et très lentement. Le soleil se couche, il n’y a plus de lumière. Le sac doit déjà être loin. C’est terminé.
Vous vous souvenez de cet article sur le 24mm Sigma Art? Il était dedans. Avec un tout nouvel objectif, le plus cher que j’avais jamais acheté, et que j’ai donc du garder environ deux semaines. Quelle tuile.
Lorsqu’il ne nous arrive rien pendant des années, je veux dire, pas d’agression, pas de vol, je crois qu’on a irrémédiablement tendance à se détendre, à avoir confiance au fait que le gens volent de moins en moins, que mon sac est en sécurité avec mes amis, que la probabilité est faible. C’est toujours ce que je me suis dit, “la probabilité est faible”. Et puis un jour, la probabilité arrive.
Les jours qui suivent, cela vous suit partout. Absolument partout. La pensée est omniprésente, la cassette tourne en boucle infinie. Comment en 3 minutes j’ai bêtement perdu mon outil de travail, des années d’économies, comment j’aurais pu l’éviter, comment ce matin là j’aurais pu tout simplement ne pas prendre ce train Lyon - Marseille parce que j’avais un peu la flemme. Et en même temps, c’est en voyageant qu’on s’expose à ce qu’il nous arrive des choses. La vie est bien plus prévisible lorsque l’on reste chez soi.
J’ai appelé tous les magasins type Cash Converters, ils ont un réseau de signalement au cas où on essaie de leur revendre du matériel volé. Je suis allé déposer plainte au commissariat de Marseille. 9h d’attente, le soleil se levait quand je suis arrivé et il était couché quand je suis sorti. Et évidemment la police n’en n’a strictement rien à faire, j’ai vraiment vu que ça ne servait à rien de compter sur elle dans ce cas. Le petit banditisme a encore de belles années devant lui.
J’avais un mariage 4 jours après ce vol. Par chance il me restait un appareil photo et je m’en suis fait prêter un autre par un lyonnais. J’ai pu me rééquiper en un temps record pour pouvoir garantir mes mariages les 3 semaines qui suivaient.
Après une semaine de recherches, de stalk sur Leboncoin, j’ai compris que la situation était sans issue et que j’avais aussi bien fait d’aller reconstruire plutôt que de repêcher. J’ai donc pris une décision qui a complètement retourné la situation. J’ai fait un appel à l’aide en vidéo à mes proches
La démarche de demander de l’argent me mettait très mal à l’aise. Je ne veux pas me sentir redevable et ce n’est pas à mon entourage de payer pour mes erreurs. J’ai donc essayé au mieux de créer quelque chose de gagnant-gagnant.
La réaction a été forte. La vidéo a reçu une jolie visibilité. Elle a permis d’enfoncer le clou auprès de tout mon entourage pour bien montrer qu’ils “avaient un pote photographe”, ce que j’ai toujours considéré comme un point de départ pour lancer son entreprise.
Beaucoup ont pensé à moi pour les projets de leur entreprise ou bien leurs projets personnels. J’ai travaillé 4 mois comme un forcené, créé une nouvelle entreprise, racheté tout mon matériel, appris a faire de la vidéo et du motion design. Au final, j’ai profité de cet élan pour passer mon projet à la vitesse supérieure. Quelle péripétie. Quelle vie.
Sans vouloir faire de la philosophie de comptoir, on est obligé d’admettre aussi qu’a mesure que la vie avance, on commence à se complaire dans notre confort avec parfois la croyance qu’on avance à la vitesse qu’on veut. D’une certaine manière cet évènement m’a fait du bien. Il a marqué une nouvelle étape dans ma vie. J’y ai tellement pensé qu’il a pas mal remodelé mon caractère. Ma perception des êtres humains dans ce qu’ils peuvent avoir de bon et de mauvais.
En tout cas, j’ai racheté plein de nouveau matériel à vous montrer!
Est-ce que de nouveaux tests vous intéressent? N’hésitez pas à me le faire savoir en commentaire!